lundi 10 septembre 2007

Flashback - Tehran

How could I write about Iran after those brief seven days ? God made the world in seven days, but I made only a short passage from Jolfa to Tehran... I feel so unmighty to describe it, and even if I only was a passenger in all the country I passed through, I never felt it as much than here. Just a passenger, dalilali di da dalilala...
But even if this extremely short experience cannot give justice to such a country as Iran, it was for me the strongest emotions of my travel, and my first tears ( although I thought I was out of stock : it wasn't sad tears, but merry ones).

Street in Tabriz

Bazar's gate, Tabriz

Difficult to take Hamed's brother pic when you don't have flash nor tripod !

Au bazar de Tabriz, je me suis achete un couteau fort affute et au manche en os, eu droit a de nombreuses demonstrations d'affutage et de ciselage de divers outils et pıeces mecaniques : le frere d'Hamed travaille chez l'artisan qui affute les pieces de tondeuse des coiffeurs ou aiguise les malheureux couteaux de table made in Japan, en leur rendant les dents plus acerees a petits coups reguliers des meuleuse. Hamed m'aide a changer mes dollars en ne s'en laissant pas conter, surement plus dur en affaire pour moi que pour lui-meme, mais n'arrive pas a me faire fuir ce kurde en tenue traditionelle, au sourire avenant, a l'anglais appreciable qui vend des montres sur le trottoir pour subvenir a ses etudes. On a une joyeuse discussion. Et j'ai deja l'opportunite d'aller au Kurdistan irakien. Qui sait ?

My kurdish friend

Apres m'etre desenglue de mes amis azeris de Tabriz j'ai ete confie a l'arret d'autobus par la brute balafree (celui qui casse la gueule sur demande et quı m'a amene sur sa 125) a un autre azeri plus douteux, au sourire aux chicots espaces et au comportement trıoublant. Je ne saurai dire si il s'est occupe de moi quand il courait apres les bus pour negocier une place libre. Je l'imaginais sans probleme me laisser en plan a la premiere occasion, surtout que je me suis endormi de nombreuses fois. Pourtant je l'ai bien arrange quand enfin il a trouve un moyen de joindre Teheran. Parce que j'y vais avec d'autres iraniens, j'accepte ce taxi batard : 15 dollars pour 600 km, ca reste bien moins cher que le TGV. Et c'est surtout une belle occasion de rencontrer Ammar, malgre le chauffeur et mon 'ange gardien' pas tres nets.
Ammar est Farsi. et aussi perdu que moi au milieu de ces Azeris qui prennent un malin plaisir a ne pas se faire comprendre, comme si tout le monde devait parler Azari comme eux. Ammar et moi contre les deux Azeris devant, et un Azeri neutre entre nous deux... Plus eduque, comme dit si bien Ammar, puisqu'il s'efforce a parler un peu anglais, et repond en Farsi a mon nouvel ami. Il est tres curieux, interessant, et on bavarde une bonne partie de la nuit, l'autre ayant ete passee a attendre des bus indifferents a mon sort... De toutes facons, pas moyen de dormir : le chauffeur pousse sa disco et son 'turbo-folk' (j'adore ce terme serbe si universel de nos jours...) a fond. Mais je prefere endurer un peu de fatigue plutot que de succomber a celle du conducteur a moitie fiable.


Azari driver





Tehran


The river-looking gutters of iranian cities

D'ailleurs a l'arrivee le lendemain matin il a deja augmente son tarif d'un dollar : la faute de mon 'ange-gardien' qui est sorti plus tot : Ammar me dit que c'est lui qui a demande au chauffeur de mettre tout ca sur mon ardoise... Je fais le mec pas dupe par principe, mais on ne me verra pas rechigner pour un pauvre dollar. Ammar avance des thunes a l'Azeri eduque, et nous declinos une fois Ammar rembourse a la banque son invitation a boire un jus de fruit (j'avais refuse par politesse, je n'etais pas contre, surtout a considerer la qualite des jus iraniens).C'est vendredi de l'an 1386 ici et le bureau d'Ammar est par consequent vide. Et c'est ici qu'il vit par intermittence, son chez-lui n'etant pas a cote, et le coin (nord de Teheran) calme et au climat agreable par la quantite d'arbres qu'on y trouve. Il est ingenieur mecanique pour le gaz et le petrole. On y laisse nos affaires et dejeune d'un barbari (c'est ainsi qu'ils denomment le pain Azeri) accompagne de fromage a l'arriere-gout indescriptible, le meme que les brochettes de Tabriz, qui semblaient etre des tripes... Ammar me presse un peu pour que je decolle de l'ordinateur car il a rendez-vous avec celle qu'il appelle sa GF (girlfriend). On va au parc, le seul endroit ou il peut la rencontrer... Deja dans le metro pour y aller je note les premiers et derniers wagons devolus aux femmes ( les bus sont carrement separes en deux parties, les hommes devant les femmes derriere). Certaines ne seraient pas contre cette idee a Paris, ou les hommes sont bien moins gentlemen que les farsi. Surtout que leurs wagons sont bien moins bondes. Je fais la connaissance de la GF d'Ammar, toute timide.



My beloved friend Ammar and his GF


Ils sont mignons tous les deux, ils ne peuvent pas se toucher, et j'observe le miracle de la douceur entre les etres, qui peut etre presente sans etre manifeste.ç C'est pas que je soutienne la repression des moeurs mais dans tout malheur y a du bon non ? Je fais son portrait sur la requete d'Ammar, on discute un peu, change de banc et je finis par supplier un peu honteux mon droit a la sieste sur le banc d'a cote, sous le vrai pretexte de les laisser en zamoureux. Accorde. Je m'endors vite sous mon chapeau et suis reveille par le tuyau perce du jardinier hilare. On s'empoisonne dans un fast-food dont Ammar raffole, et sa copine commence a peine a surmonter sa timidite pour m'interroger en anglais. Mais sa permission touche bientot a sa fin et on la raccompagne. Les potes d'Ammar, Mohammed et Mahmud, ont un appart a cote, a moitie sous terre en bas de l'immeuble du proprietaire zoroastre qui ne tolererait pas que l'on ramene des filles. Mohammed est calme et delicat, reveur, aime la musique traditionelle iranienne, Mahmud est energique et gigotant, il aime la pop facile venue d'Occident. Mais tous deux sont croyants et aiment les mauvaises series historiques coreennes qui passent a la TV.


I'm not the only one to think iranian girls have the deepest eyes in the world...


Ils ont une etrange culture occidentale, surprenante. Joe Sattrianni, Kenny G, Almodovar... Je repense a mes amis de Tabriz qui croyaient que j'apprecierai un american Pie sauce coreenne du plus mauvais gout qu'ils avaient telecharge. Chez Mahmud et Mohammed, je prefere discuter avec de longs vides, allonge sur le tapis, a moitie somnolent. Je refais une sieste, tout comme Ammar. Et finalement c'est ici que l'on passera la nuit apres une collation de lavash (le pain fin iranien) au jambon de volaille, partage avec soin... La boheme iranienne. Le lendemain les deux amis se levent a 5h pour aller bosser. Nous, les flemmards, a 6h... Ammar retourne a son bureau, et je suis livre a moi meme dans cette megalopole (Ammar parle de grand garage), avec pour moi meme l'adresse de quelques musees, de l'ambassade de France et du bureau de mon ami. En attendant qu'ouvre le musee de calligraphie, je passe mon temps dans cette boulangerie Farsi ou ils font un des meilleurs pains du monde : une fine longue langue de pain qu'ils font cuire sur de petits galets ronds, qui leur donnent cette apparence toute trouee, et ce delicieux croquant. Miam quand ca sort du four. Les boulangeries de Teheran sont habituellement le domaine des Azeris, mais quand ce sont les Farsis qui s’y mettent, la saveur du pain prend quelques millenaires.

Le musee est plein d’enluminures et de bidasses venant lire leur journal en profitant de la clim’. L’ecole de Qazvin me touche le plus. Je veux acheter de l’encre.

Les ambassades sont les institutions les plus inutilement detestables du monde. On depend du bon vouloir d’un fonctionnaire qui choisit les jours et les heures d’ouvertures les plus contraignantes, et la delivrance d’un visa est des plus aleatoires. Mon ephemere sejour iranien a ete gache par deux preoccupations : rallonger mon visa de transitr iranien, et trouver un visa pour un nouveau pays vers l’est.
A l’ambassade de France, qui me parait fort impolie en choisıssant le week-end chretien et non musulman (l’ambassade d’Iran en Armenie etait ouverte le vendredi), quelqu’un daigne troubler son jour de conge pour me fournir l’adresse de l’ambassade du Turkmenistan.

C’est un Armenien qui m’a amene jusqu’a l’ambasade de France, me parlant des differentes ethnies et religions d’Iran, leurs tensions… Il me montre son quartier, son eglise, le batiment ou ils se reunissent. Pas tolerant l’Iran ? Il me done la direction du ministere des affaires etrangeres, ou j’espere pouvoir faire rallonger mon visa. Place Khomeyni, musees, ministeres, structures militaires impressionantes. Un nouvel ami de rue comme il n’y en a qu’en Iran me trouve le ministere, m’accompagne au bureau de la ‘security police’, traduit. Resultat : c’est mort. Pas moyen de negocier. Je suis bon en marchandage mais avec les poulets c’est une autre paire de manches. Ils savent bien montrer leur superiorite indifferente, et n’ont rien a vendre. Tout a voler, allais-je ajouter… Mon ami est decu de ne pas avoir pu m’aider, alors il me done un ticket de bus pour rejoindre l’Ambassade turkmene. Laborieux. Changer de bus, marcher, prendre un taxi avec d’autres iraniens, prendre un taxi seul, negocier, marcher, revenir sur ses pas apres avoir compris le systeme d’adresse. Il n’y a plus que des ouvriers dans l’ambassade. Forcement, elle a demenage. L’ouvrier me done le numero de telephone.
Je m’enerve contre un telephone jusqu’a ce qu’un ouvrie me montre celui qui marche, juste derriere… J’obtiens l’adresse de l’ambasade d’Iran, et plein de belles promesses pour un visa rapide. L’ambassade ouzbeke est plus retorse.

Calme apres un passage aux toilettes (je me suis habitue a m’assoir sur mes talons, c’est tout aussi confortable) mon sourire me vaut une invitation a prendre un the dans le sreal estate Office de ce riche quartier nord. Un parc ici vaut tres trees cher…
Pour la enieme fois mon carnet est feuillete, mais il tient encore le coup. Repose, rassasie, soulage, je quitte le bureau pour laisser mon vieil ami vendre une maison a une famille qui vient d’arriver.

Je rentre au bureau. Diner au kebap du coin, un tadjik d’Afghanistan qui y travaille veut bien demander a son frere de m’y guider, m’aider pour le visa. Cam e demange. Je ne suiş pas loin d’accepter. Helas, cet Afghan-la n’est pas net : en echange il veut que je sois responsable de lui pour son visa pour la France. Cela m’inspire peu confiance, meme si sa situation ici est difficile, illegale je pense. De plus, il ne parle aucune des langues que je parle, Ammar traduit et m’avertit explicitement de me mefier, et son frere ne doit pas etre tres polyglottes. De plus, mon visa est trop court pour que je risque un refoulement a la frontiere afghane. J’aurai frole mon reve.

Cette fois on dort dans bureau, par terre. Ammar s’etait installe sur les fauteuils, me laissant son tapis de sol et son sac-oreiller. Mais quand il m’a vu sortir mon sac de couchage et mon ultra-mince tapis de sol, il m’a demande tout gene si j’etais d’accord pour qu’il recupere son tapis de sol, m’avouant qu’il lui etait impossible de s’endormir sur le fauteuil. Je realise honteusement jusqu’ou va la politesse iranienne. Et combien de repas et de tickets de metro il m’a deja paye sans me laisser le choix, lui qui n’est pas Cresus….

Le lendemain matin arrivent au compte-goutte d'abord le vieux a l'oeil malade qui s'occupe du nettoyage de l'entretien et du the dans ce petit bureau installe dans un immeuble d'habitation, puis les differents ingenieurs et animateurs 2D ou 3D et la secretaire qui travaillent ici. Je ne veux pas non plus m'eterniser, malgre les sourires avenants et les invitations a utiliser internet

Tea-master of Ammar's office

The secretary




Iranian cookies


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Yo, brother!
Je prends enfin quelques minutes pour transmettre tout le respect, l'envie, la jalousie que ton conte inspire.
La liberté des justes s'arrète à la porte des fonctionnaires aigris... dommage, mais l'Iran comme cul de trip, pour un départ à l'arrache, c'est quand même une sacrée balade!
Ni en prison, ni en otage, bon pied bon oeil, merci St Christophe.
Une vielle mécanique soviet pour compenser le top numerique nippon, c'est dans l'ordre des choses.
Plus de tente, wallou, ca créé des liens.

Merci en tout cas pour le depaysement, vu de panam la grise ca donne vraiment des fourmis dans les gibolles...

Que le grand Ararat veille sur toi.
Bien le bonjour à la Georgie.
la sylve