dimanche 26 août 2007

BLOODY SUNDAY

I forgot they close embassies on Sunday.... So I went to Echmiazian, the most famous armenian church. I read and rest.

A Yerevan j'ai troque mon guide de la Turquie et le livre de Coco sur le peuple Touva du mont Altai contre une piece symbolique et trois livres. Le bouquiniste est un vieil Armenien rigolard et moustachu avec lequel j'ai bien sympathise. Il a un anglais curieux, patchwok de citations diverses, et un polonais rendu moelleux et approximatif par l'usage trop frequent du russe. Un livre de propagande sovietique sur Evariste Galois, jeune Genie mathematique au destin brise par les complots anti revolutionnaires d'apres 1830. Ecrit en Francais mais a la syntaxe et au style abruptement russe. On le sent des les premieres phrases : l'auteur n'est pas francais (et certains paragraphes semblent beaucoup plus soignes que d'autres : soit il utilisait ses etudiants, soit il avait des periodes de plus grande fatigue).

Malgre la syntaxe pesante et et les figures de styles ampoulees et convenues, j'en apprends beaucoup sur la revolution de 1830, et les scientifiques de l'epoque. Raspail, Arago, Ampere, Laplace, Monge prennent corps et comblent le mystere qu'il y avait derriere ces noms de boulevards et de rues... Le XIXe siecle a quelque chose d'effervescent, avec ses trois revolutions rien qu'en France. Je lis dans le livre que les republicains comptaient aussi soutenir la Belgique, laPologne, l'Italie dans leurs combats pour la liberte. Siecle d'explorateurs politiques, scientifiques et de voyageurs.

J'ai eu droit aussi a un guide de conversation franco-russe, qu'il m'est arrive d'ouvrir. La moitie concerne les differents sports olympiques. Cinq pages "A l'exposition des realisations de l'economie nationales de l'URSS".
Et "Salammbo" de Flaubert. Je comptais le garder pour la Perse, mais c'est Dimanche et je me suis abreuve de la richesse de son francais. D'ailleurs, ca se passe a Carthage, en Tunisie...


J'etais parti apres Yerevan et ses formalites vers Gumri, ou je pensais rejoindre Greg et Narine. Helas, ils sont repartis a Yerevan pour deux jours avant de regagner la France. L'association Armeno-suisse qui a construit ici un vaste batiment ou il m'a ete conseille de passer par G. et N. est en baisse d'activite en Aout. Je me laisse convaincre de dormir ici, car le lieu contient aussi un service d'hotellerie, meme si c'est un peu cher. ce sera l'aoccasion de rester un peu a un endroit, et de faire connaissance avec des etudiants francophones de ma generation.

Le lendemain, un passage a vide m'empeche de rester a Gumri. Je me sens de plus en plus etranger a tout et a tous. Les regards silencieux mais pourtant plein de reproches que je croise desormais tout le temps y sont peut etre pour quelque chose. Surtout ceux des femmes. C'est comme si elles me demandaient pourquoi je ne suis pas au travail, avec ma maison et mon enfant. Je ne me suis toujours pas habitue a ces regards insistants. Comme si j'etais toujours de trop. Et toujours ces memes questions : "qui es-tu, ou vas-tu, dans quel etat t'erres ?" Le fait de tourner en rond en Armenie avant d'aller chercher mon visa iranien n'arrange rien a mes doutes.

Dans ce pays ou l'industrie sovietique a couvert les vallees de colossales structures rouillees, je suis loin de trouver l'intimite mystique ou sauvage et le mystere que je pensais y trouver. Malgre cela je continue mon tour de l'Armenie. Vanadzor, aussi touche par le tremblement de terre de 88 que Gumri. Une ville grise - d'ailleurs il pleut - envahies d'usines desaffectees depuis lors. Parcouruede tuyaux fondus et en etat pitoyable. Triste paysage. Les memes HLM qu'en Ukraine, qu'en Bielorussie. Dans le meme etat, les communs en ruine, l'interieur soigne. Le chasseur qui m'a pris en stop avec ses amis semble embarrasse en les deposant puis finit par me convier chez lui, sa femme nous nourrit et il m'amene dans un deuxieme appartement a lui, delaisse a cause du tremblement de terre. J'ecris et lis a la bougie.

Le lendemain, ptit dej' chez lui (il est venu me chercher) puis il me depose a la sortie de la ville. Bus puis stop. Alaverdi. Drole de nom de ville par ici. C'est pas la premiere musique a laquelle j'aurai pense. Encore une ville dans une vallee couverte d'usines en ruines. Il y a du minerai dans le coin. Des metaux plus ou moins precieux. Une siderurgie a l'air de fonctionner encore un peu. Des francais y avaient une concession de cuivre avant que les sovietiques ne s'en emparent, c'est mon chasseur qui me l'a dit. Akhtala, avec un vieux monastere. Deux jeunes me le font visiter apres m'avoir pris en stop. Mais leur empressement a se lier d'amitie et leurs regulieres questions sur l'argent me poussent a me mefier. Je n'avais pas tort : ils me demandent deja de payer l'essence pour le trjet a venir. Je continuerai a pied en en les laissant cordialement.

Frontiere avec l'Azerbaidjan. Une caserne avec sept soldats, dont une majorite vient se ressourcer vers moi en evenement nouveau. L'un d'eux est particulierement heureux de me montrer les videos sur son portable dernier cri : du porno et des meurtres en direct. Quel malheur j'ai eu de dire que j'etudiais la video. je prefere leur superieur qui me montre les photos de ses enfants tout mignons. J'ai tout une soldatesque a vouloir gracieusement m'aider a arreter les voitures, qui me donnent plus l'impression de les fuir...

Je suis en train de me demander comment je vais me tirer de cette situation (Ils m'ont deja propose de venir m'entrainer a tirer) quand une Lada s'arrete. On ne va pas tres loin. Une autre Lada est arretee au bord de la route, le coffre cide de ses pasteques, une roue en moins. C'est la voiture d'un des deux qui m'ont amene. Je regarde comment on change un essieu.

Vanadzor, Idjevan, Ilidjan... Des noms de villes dignes d'un jeu de roles medieval-fantastique. Mais plus grand chose d'autres que la rouille et le beton effrite, denude jusqu'au fer. Les nombreuses usines qui periclitent ici ne sont pas a l'echelle de la petite Armenie, de ses petites eglises, de la finesse de ses entrelacs sculptes. Et l'URSS n'est plus la pour faire tourner ses monstres (batiments, vehicules, mobilier urbain, tout est tordu est rouille, comme dans tout ancien pays socialiste). Le tout a recouvert le mystere de la premiere des civilisations (selon eux, mais je me plais a les croire). Les jeunes armeniens illustrent bien la situation : leur curiosite ne va qu'a la valeur des objets qui sont dans mon sac, a combien coute un tel portable en France (va leur expliquer les forfaits et les diferentes categories de prix de portables, moi ca m'interesse pas trop, je suis pas ici en demarchant pour les operateurs...) a combien d'argent tu as, si tu peux leur montrer des euros. Et surtout s'ils peuvent tirer un quelconque profit de toi. Je prefere la compagnie des vieux.

Albert est un brave type tres cultive que je rencontre a Sevan, apres m'etre baigne dans le lac cerne de mauvaise musique ("turbo -folk" russe toujours au meme rythme au rabais), de pique nique qui finissent par se faire accumuler les detritus et de marchands de bouees et de graines de tournesols. La foule balneaire habituelle. Sauce post-sovietique. C'est son ami garagiste qui m'a fait signe de venir dans sa station essence sans licence. Du coup il s'est mis au business de Marie-Jeanne, qui lui vaut de nombreuses visites amicales. Mais il n'est pas tres bavard en Russe, c'est Albert qui m'explique les histoirs de l'Armenie, certaines que je connais par coeur, d'autres pas. Me parle de la bonte de son peuple desormais gatee, des poissons legendaires, d'une race antique. Et desormais un president corrompu qui revend a qui mieux-mieux les ressources naturelles du pays : minerais, pierres, eau surtout... et le prix de l'essence... etc... Au detriment de sa population qui en souffre beaucoup et a donc forcement une idee assez oriente des occasions que representen un touriste. Je n'ai plus qu'a assumer.

Pourtant quel soulagement d'entendre Rodin, et Renoir, meme si j'aime pas. Et de decouvirr avec surprise qu'il parle polonais, de la meme facon que mon bouquiniste. Il m'a repere dans ma facon de recycler le vocabulaire polonais en lui donnant une petite touche russe, methode non garantie.

Avec des gamins qui m'ont suivi pendant une lolongue marche, puis des jeunes avec lesquels je me suis assis au bord de la route, j'ai tente de jouer sur la corde chretienne. Jesus etait pauvre, non ? Il a chasse les marchands du temple ? Pourquoi tu me parles d'argent, de putes ? Tu es chretien ? Oui, qu'ils repondent tous... Je vois que parler de religion aura peu d'effets. Magistralement dissociee du mode de vie. Hypocrisie chretienne.

Les mulsulmans ont au moins cela qu'avec une religion plus simplement en accord avec leurs valeurs quotidiennes, moins de fracas, ils semblent vivre leur foi de facon moins torturee. Je me serai pourtant bien passe de cette video que m'a montre le soldat l'autre jour, ou des fanatiques tchetchenes coupent la tete d'un blanc en beuglant "Allahou Akhbar". Ils n'ont rien compris ! Si Allah est grand, c'est que tu es ridioculement petit. Et pourtant tu te gonfles d'orgueil de ce massacre ? J'aurai prefere rester vierge de cette vision, toi qui idolatres l'image de ton crime comme un nouveau dieu.

Les putes. Pas une journee sans que j'en entende parler. C'est combien a Paris ? Tu veux une 'pisda' ? Cette fois entre Alaverdi et Akhtala, on m'en a propose une au bord de la route. Si je suis seul c'est que je VEUX etre seul, aussi etonnant qu ce soit. Mais ctte fois j'ai vu la marchandise. Putain (c'est le mot...), je suis pas desespere a ce point quand meme ! Faudrait me payer cher pour que j'honore cette grosse blondasse, aux cheveux assortis a ses dents en or, malgre sa poitrine opulente. Surtout quand je pense a tout ce qui a du passer par la, en voyant la bobine du gracieux monsieur qui m'a pris en stop et me propose son amante tarifee. Et en plus, je dois me justifier quand je refuse une pute. Incroyable. J'ai meme reesssaye de faire le coup du chretien pour voir... La blague.

1 commentaire:

Space Dindon a dit…

Eh mon pote, tu viens d'aller te coucher, mais je viens de voir les nouvelles de coco et jojo sur leur blog... donc réponse à la question du passage de frontières : pour eux c'est l'avion! ça craint un peu, à la limite prend plus de liquide au cas ou tu prends l'avion aussi.
Allez, bonne route mec!