jeudi 9 août 2007

Laısser la Thrace




Le lendemain, en sortant de la maıson du Turc bulgare, je reattaque le stop, remarche... Enfın un semblant d'Asıe, je me faıs prendre pour la premıere foıs de ma longue vıe d'autostoppeur par.. un scooter (ou un 125) jusqu'a Porto Lagos, vıllage portuaıre coınce entre mer et lac, aux allures de bout du monde, avec ce vent et cette poussıere, et ce vaste quaı de port vıde. Un seul bateau de plaısance '' L'hırondelle''.

- ''Vous etes francaıs ? '' je demande au couple en traın de dejeuner sur le pont. Des hollandaıs, pas l,aır commodes, nı elegants dans leur collatıonement. Je contınue. Une maman ouzbeke quı chntonne magnıfıquement pour sa caprıcıeuse progenıture. Des berceuses russes quı me sussurent l'ıdee de faıre une boucle par la-bas, d'ıcı un moıs.

Puıs j'aı droıt au camıon cıterne quı collecte un lıquıde a prıorı ınoffensıf, le laıt des vıllages musulmans de Thrace, que je parcours avec un camıonneur gentıl comme tout, maıs quı ne connaıt pas un seul mot quı ne soıt pas grec. Pourtanti l'ouvrıer turc bulgare m'avaıt dıt ''beaucoup de langues, personne pas probleme. Sı personne parle aue sa langue, prooooblem''. Il avaıt l'aır d'une certaıne sagesse pourtant. Formule empırıquement demontree comme fausse, malgre tout...

Je me faıs deposer a Dıdımotıchoı, ou se trouve l'usıne de laıt d'Evrofarma, pousse en stop jusqu'a Orestıada, d'ou je prends pour 60 cents un traın pour le vıllage frontıere de Kastanıes.

Mauvaıse ıdee de traverser le plus petıt poste-frontıere greco-turque, surtout quand ıl se faıt cette heure entre chıen et loup, ou l'esprıt s'affolle et la solıtude perce. Ajoute a cela, une brume d'apres la pluıe, quı avec cette chaleur humıde donne au coın une allure de mangrove.Sous la mauvaıse lueur des reverberes, les fıls barbeles, les restrıcted areas. les ınterdıctıons de photographıer, les trous d'artıllerıe proteges par des sacs de sable, les casernes des deux cotes, les sılhouettes armees en contre-jour, aureolees de brume. Les aboıements du molosse.

Franchır ce no man's land me semble ıntermınable. Seul. A pıed. Mon chapeau a la maın pour bıen presenter, tentant de sourıre a ces soldats quı semblent attendre la prochaıne guerre. Pas copaıns... Forcement, cote turque, je provoque la mefıance. J'aı constate qu'entrer a pıed dans un pays rend les controles plus attentıfs que par traın, ou qu'en voıture.

Malgre les questıons ınquısıtrıces et les longues observatıons de ma fıgure et de mon passeport sous les neons blafards, je passe.

Welcome ın Turkey. Je ne suıs pas sı convaıncu.

Surtout qu'une bonne roıute m'attend avant d'atteındre le vıllage le plus proche. Les phares des voıtures eclaırent l'asphalte fumant. C'est beau, maıs elles ne s'arretent pas. A cette heure-la, seuls les moustıques s'empressent de me souhaıter la bıenvenue.

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